Par Marc Lacraz, Vianney Hocquet, Daniela Savoia - gérants de portefeuille en dette hybride d'entreprises chez Edmond de Rothschild Asset Management
2024 : l’année de la mondialisation des obligations hybrides d’entreprises
Le marché des obligations hybrides d’entreprises, traditionnellement centré sur l’Europe, connaît une expansion rapide à l’échelle mondiale, créant ainsi de nouvelles opportunités pour les investisseurs et les émetteurs.
Pour rappel, cette classe d’actifs a pris son envol en 2012 et figure parmi les segments du marché du crédit ayant enregistré la croissance la plus rapide depuis cette période. Ce type d’instrument est pertinent car il répond à un réel besoin des émetteurs : celui d’émettre des quasi-fonds propres (au sens des agences de notation), non dilutifs et à un coût compétitif, notamment grâce à la déductibilité fiscale des coupons dans la plupart des juridictions. Du côté des investisseurs, le contexte de taux d’intérêt bas en Europe, suite à la crise de la dette dans les pays périphériques, et la recherche de rendement ont dès le départ suscité un fort intérêt.
Deux facteurs clés peuvent expliquer ce succès au cours de la dernière décennie. Tout d’abord, S&P a mis à jour sa méthodologie concernant les obligations hybrides en 2012, en apportant une clarification sur la contribution aux fonds propres (equity credit) et le traitement des clauses de majoration de coupon (« step-up »). Deuxièmement, suite à cette mise à jour, une nouvelle génération d’obligations hybrides a émergé, caractérisée par une structure où la perte d’equity credit coïncidait avec la date du premier remboursement anticipé (call), ce qui est rapidement devenu la nouvelle norme. Cette innovation s’est avérée décisive pour une adoption plus large, car la structure, mieux standardisée, a rendu les obligations plus comparables entre elles, tout en incitant les émetteurs à racheter leurs obligations à la première date de call.
Résumé
Les traitements fiscaux et les méthodologies des agences de notation limitaient le potentiel de développement des obligations hybrides d’entreprises aux États-Unis. Ce n’est plus le cas depuis le récent changement de méthodologie de Moody’s.
Le marché américain des obligations hybrides d’entreprises en a pris note et le volume des émissions a bondi en 2024.
Parmi les nouveaux émetteurs potentiels, les entreprises qui émettent déjà des actions préférentielles aux États-Unis sont des candidats évidents. Nous analyserons ce marché et évaluerons les avantages des obligations hybrides dans ce contexte.
De nouveaux émetteurs pourraient également entrer dans ce marché afin de protéger leurs bilans et de financer leurs besoins d’investissements croissants.
En termes de conventions de marché, les preferred shares américaines et les obligations hybrides d’entreprises européennes sont assez distinctes. Les obligations hybrides américaines peuvent potentiellement ajouter un élément de diversification intéressant à la classe d’actifs.
Le développement du marché des obligations hybrides américaines influera aussi sur les caractéristiques ESG de cette classe d’actifs, offrant à la fois des opportunités et des défis.